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lundi 30 novembre 2020

Picabia et le cinéma

Picabia fit du cinéma à toute vitesse, entre jouissance et folie, comme il conduisait ses automobiles. En 1924, il avoua avoir confié un « tout petit scénario de rien du tout » à René Clair qui en fit un « un chef d’œuvre », Entr’acte. Pourtant, le peintre s’était pris au jeu, au point d’inventer un ballet-cinéma (souvent comparé au Grand Verre de Duchamp), puis de caresser le rêve de fonder un collectif de cinéastes. En 1928, il récidiva avec La Loi d’accommodation chez les borgnes, « l’histoire d’un crime de lèse-réalité » très différent des scénarios d’Artaud, de Buñuel et Dali ou de Desnos. Et pour cause ! Ses articles explicatifs sont remplis d’anecdotes plus ou moins triviales et de mots d’esprit : Entr’acte et La Loi ne croient pas à grand-chose, sauf au « désir d’éclater de rire » ; « on ne va pas au cinéma pour y retrouver sa table de nuit, ses pantoufles, sa cuisinière ou son carnet de chèque ». Belle façon de prendre ses distances par rapport au « théâtre filmé » et aux recherches du cinéma « pur » ! Picabia aime les rebondissements des films à épisodes et les courses-poursuites burlesques du cinéma d’avant-guerre. Avant Dada ? Ce n’est pas une nouveauté : dans ses essais poétiques aussi, cet irréductible individualiste mêlait novations, insolences, et retours vers les aphorismes du passé.

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